La nouvelle vague du Dauphin Corse

  • Le 07/12/2022

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Après tant d'années à Ajaccio, Thierry Corbalan, 63 ans, a quitté la Corse il y a plus d'un an déjà pour de nouvelles aventures sur le Continent. L'occasion de retracer son parcours sportif et de se remémorer ses souvenirs et exploits en sélectionnant quelques dates importantes. Rétrospective avec celui qu'on surnomme Delfinu, le Dauphin Corse.

Son amour pour le sport.

"Depuis petit, j'ai fait beaucoup de sport. À trois ans, j'ai pris mon premier bain à Bousfer Plage en Algérie et là ma passion pour l'eau a commencé. En grandissant, j'ai fait du sport aquatique, de l'athlétisme, du rugby et du judo en même temps et c'est vrai que dans tous les sports que je pratiquais, j'avais un niveau assez correct. Par exemple, en athlétisme, j'ai été champion du Languedoc catégorie benjamin au poids et au marteau. Puis après il est arrivé un moment où le judo devenait trop important, j'étais obligé de m'entraîner tous les jours, j'ai donc du faire un choix. J'ai commencé le judo à l'âge de 10 ans et j'en ai pratiqué pendant vingt ans. Je faisais du judo en compétition professionnelle dans la police où j'étais troisième. Tous les ans, je faisais le championnat de France de la police et j'ai été trois fois vice-champion. Ma dernière compétition, c'était quinze jours avant mon accident, j'avais 29 ans et j'étais champion régional des Alpes-Maritimes, toutes catégories. C'est le sport qui m'a permis de rester en vie après mon accident le 23 mai 1988. Si je n'avais pas été sportif, mon cœur n'aurait pas tenu... Après l'accident, je me suis remis tout de suite à faire du sport, je faisais déjà des abdominaux à l'hôpital car je ne pouvais pas encore marcher du à mon amputation d'un orteil. Petit à petit, j'ai commencé à marcher, à courir puis j'ai essayé la course à pied. Pendant vingt ans, j'ai fait pas mal de courses à pied en compétition, des marathons avec des valides mais à force de courir, j'ai eu des problèmes de genou. C'est là que j'ai arrêté la course pour retourner à mon premier amour : l'eau. J'ai commencé à nager de plus en plus avec les palmes, à faire des compétitions aux côtés des valides où j'ai réussi à faire des bonnes performances."

Le début de ses défis en 2010.

"Un jour, j'étais invité par Frank Bruno de l'association Bout de vie à un stage, il a vu que j'étais à l'aise dans l'eau et m'a proposé de faire un défi pour son association. En septembre 2009, on a traversé les Bouches de Bonifacio entre la Corse et la Sardaigne, de Santa Teresa di Gallura jusqu'à la plage de Piantarella. J'ai fait 16km en 5h37min et à partir de là, j'ai réalisé que peut-être ce qui m'était arrivé, ce n'était pas pour rien, je me suis dis qu'il fallait que je fasse ce genre de défi pour montrer que les choses sont possibles alors j'ai décidé de continuer. En 2010, je souhaite refaire l'aller-retour des Bouches de Bonifacio en 32km et pour préparer cette traversée, j'avais besoin de m'entraîner régulièrement. Je nageais à Stagnola avec ma femme Patricia qui m'accompagnait en kayak et c'est là-bas que j'ai fait la rencontre de Pascal Olmeta lorsqu'il avait sa paillote Olmeta Beach à l'époque. Il m'a permis de laisser mon kayak à sa paillote tout l'été afin d'éviter d'encombrer la voiture à chaque fois. D'ailleurs pour l'anecdote, quand il me voyait passer en nageant, Pascal me saluait tous les matins "Delfinu ! Delfinu !", depuis c'est resté, tout le monde m'appelle Delfinu, c'est là qu'est né mon surnom : le Dauphin Corse. Depuis ce défi des 32km des Bouches, tous les ans j'en fais. Mes défis personnels c'est pour montrer que quand on veut, on peut malgré le handicap et que quand on veut faire quelque chose, quand on est déterminé on peut y arriver. C'est le message que je veux transmettre et c'est ce qui me motive depuis treize ans maintenant, de toujours repousser mes limites."

Son expérience au Groenland avec Pascal en 2014.

"Au point de vue beauté, le Groenland est celui qui m'a le plus marqué parmi mes défis. J'ai eu de la chance de faire ce voyage grâce à Pascal Olmeta. Tout a commencé en mai 2012, je fais un stage de plongée aux Îles Lavezzi avec Frank Bruno et ce dernier avait invité un ami à lui, Nicolas Dubreuil, explorateur et photographe, qui vit a Ilulissat, au Groenland ! Après m'avoir vu nager, Nicolas me dit "Ce serait chouette que tu viennes un jour chez moi nager dans l'eau glacée". C'est vrai que c'est devenu un rêve, je me suis dis que ça doit être vraiment beau de plonger dans l'océan Arctique et de nager au milieu des icebergs, mais pour moi c'était trop compliqué d'envisager tout ça seul. Un jour de juillet 2013, je suis avec Pascal, et lors de notre discussion autour du sport, il me dit "Y a-t'il quelque chose qui te ferait plaisir ?", immédiatement je lui explique que j'aimerai nager au Groenland et il est emballé ! Il n'hésite pas à monter ce projet d'expédition et me promet de s'en occuper. Je le mets en relation avec Frank et Nicolas, mon rêve peut alors se concrétiser. Nous partons moins d'un an après, en avril 2014, et Pascal avait emmené avec nous deux enfants en rémission de son association USUEPLV, Alex et Ange-Paul. Sur place, je nage enfin une première fois avec la combinaison dans l'eau frôlant les -1,6 degrés où la température extérieure affiche -15 degrés. Frank et Nicolas cassent la glace devant moi pour me frayer un chenal de nage, je vis alors une expérience unique... Nous resterons trente minutes dans cet univers glacé. Le lendemain après-midi, je décide de nager sans combinaison, je m'y étais préparé à Ajaccio, dans des rivières en plein hiver, je savais que je pouvais y arriver en maillot de bain. Le temps est radieux, ciel bleu et grand soleil, quelques glaciers avaient fondu et la banquise avait reculé ce qui a facilité mon chemin pour nager sans grand danger. Me voilà en slip de bain dans une eau à -1 degré, j'ai tenu vingt minutes dans l'océan ! Pour moi, c'était un rêve de nager en maillot au Groenland, ce voyage a été un moment extraordinaire, magique et qui restera gravé à vie."

La sortie de son autobiographie en 2020.

"Cela faisait des années qu'on me disait d'écrire un livre pour raconter mon histoire. Il faut savoir que je l'ai écrit tout seul, ce n'est pas un rédacteur qui l'a écrit pour moi. J'ai tout écrit derrière mon ordinateur, je tenais à le faire moi-même avec mes mots. Mon autobiographie est sortie en octobre 2020, je m'aperçois qu'il plaît beaucoup, les lecteurs m'en parlent parce qu'à travers ce livre, ils me (re)découvrent. Il y a des gens qui pensaient me connaître mais ils ne savaient pas tout de ma vie d'avant. Ce livre c'est aussi un sacré message d'espoir, j'y raconte vraiment toutes les étapes par lesquelles je suis passé et je veux montrer que l'ont peut se relever de toutes les situations dans la vie. Là, j'ai fini mon deuxième livre qui retrace tous mes défis que j'ai fait jusqu'au dernier à Mandelieu en septembre 2020. Il sortira vraisemblablement en avril 2023... "

Son départ sur le Continent et ses nouveaux projets.

"À la fin de l'été 2021, nous avons déménagé dans un village des Landes pour se rapprocher de la famille de ma femme, Patricia. J'arrête personnellement les défis, je fais des compétitions de nage mais j'arrête l'organisation de mes défis personnels, puis j'ai bouclé la boucle avec le dernier en 2020, lors de la traversée en nage Calvi-Mandelieu en six jours, de la Corse jusqu'à mon lieu d'accident et en plus je suis arrivé le jour de l'anniversaire de mon ami Daniel Dulta, celui qui m'a sauvé la vie, je ne pouvais pas faire mieux. De plus, je me suis lancé dans les conférences, au sein des entreprises et écoles pour partager mon histoire. Notre village est situé à 60 kilomètres de l'océan Atlantique. Cette distance ne m'a pas empêché de reprendre rapidement l'entraînement de nage avec ma monopalme. Je me suis également inscrit dans un club qui m'a fait découvrir la nage en piscine et surtout apprendre à faire des culbutes avec la monopalme. Pour ma première participation au championnat de France en bassin (avec les valides) à Aix-en-Provence en avril dernier, j'ai obtenu deux médailles de bronze, une médaille d'argent et une médaille d'or en relais 4X100m dans ma catégorie d'âge. Deux mois plus tard, j'ai également obtenu une médaille d'argent en individuel et une médaille d'or au relais 4X100m au championnat de France en eau libre, toujours avec les valides. De plus, je me suis rapproché de l'association handi surf située à Bayonne pour proposer une conférence, suite à cela le président m'a convaincu d'essayer le surf. Je n'y croyais pas au début mais j'ai essayé et il s'est avéré que j'avais des prédispositions compte tenu de mon passé de nageur en mer. Bien sûr, je surfe allongé puisque je ne peux pas me lever sur la planche. Après quatre mois de pratique, j'ai participé au championnat de France de para surf et j'ai obtenu la médaille d'or dans la catégorie Prone1 (càd allongé sur la planche)".

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