Christophe Santini : "Il m'arrive de douter lors de mes défis extrêmes"

  • Le 24/08/2022

Velo christophe santini photo

(Crédit Le Point @ Thomas Vollaire)

Sportif de l'extrême, triathlète et ambassadeur de notre association, Christophe Santini repousse toujours aussi loin ses limites. Adepte de défis assez fous dans tous les coins du monde, il aura (presque) tout fait, du désert le plus chaud jusqu'au fin fond des glaciers de l'Antarctique. Son compteur de kilomètres pourrait exploser tant qu'il aura parcouru des chemins que ce soit à vélo, à pied, à la nage ou en ski. Et puisqu'il vit à mille à l'heure, et ne semble jamais se reposer, il repart pour de nouvelles aventures. Cette fois, pour une cause qui lui tient à coeur et dont il est engagé depuis toujours : le réchauffement climatique. Il veut alerter sur la pénurie d'eau sur Terre. C'est son nouveau défi, un de plus. Explications de notre homme infatiguable qui s'est confié à nous.

Explique-nous en quelques phrases, pour ceux qui ne le savent pas encore, ton nouveau défi inédit : le 7K - La course au climat ?

Christophe Santini : C'est une expédition qui consiste à parcourir à pied et à vélo 7000km (d'où le 7K) dans des endroits extrêmes du monde où le dérèglement climatique a un fort impact. Je ne suis pas climatologue mais je veux être le témoin de ce qu'il se passe dans le monde à ce sujet, afin de transmettre aux jeunes générations les conséquences du dérèglement.

Quelles sont les destinations extrêmes que tu as choisies ?

C.S : Dans cette aventure, il y a trois traversées polaires : le Kungsleden, L'île de Banks et l'Antarctique. Puis une expédition en milieu chaud plus précisément en Australie, que j'attaque prochainement. 

Tu as déjà débuté ta première expédition le 16 mars 2022 en Laponie suédoise pour parcourir le Kungsleden en ski. Raconte-nous cette expérience.

C.S : Malgré un bon début d'excursion effectué dans la partie nord du Kungsleden, il a fallu re-planifier la suite du parcours à cause de la fonte des glaces qui avait un mois et demi d'avance. Cela rendait la course dangereuse. A 115km, nous avons changé de chemin en remontant au nord de la Suède afin de redescendre par le fleuve Torne qui est une limite géographique entre la Suède et la Finlande et qui se jette dans le Golfe de Botnie, en mer Baltique. La descente de ce fleuve a été périlleuse car quelque fois l'épaisseur de la glace était trop fine, il a fallu plusieurs fois rebrousser chemin. A part cela, les paysages étaient magnifiques, le désert blanc est à couper le souffle et les aurores boréales restent de bons souvenirs. On aura malgré tout parcouru 460km par des températures à -25°C, et des tempêtes de vent avec des rafales à 130km/h (vent catabatique).

On connaît ton mental hors norme mais à quoi pense-t-on dans ces moments de dureté loin de tout et seul dans le grand froid ? T'arrive-t-il de douter ?

C.S : Dans ces moments de dureté, on s'accroche à des choses positives. Mon point d'ancrage est ma famille, je pense aux bons moments passés avec eux et aussi on se remémore ce pourquoi on est là, on finit par retrouver de l'énergie pour avancer. Oui, il m'arrive de douter dans ce genre de défis par rapport à certaines blessures. On doute par rapport au réchauffement climatique car il complique énormément la traversée. Mais face à ça, il est important de transformer ce doute en énergie positive, c'est-à-dire qu'il faut garder la tête froide, prendre du recul pour appréhender et anticiper les problèmes au mieux. Dans ce genre de défi, l'endurance mentale l'emporte plus que l'endurance physique.

Quelle est la prochaine étape du 7K - La course au climat et quand ?

C.S : Je me prépare actuellement pour une traversée à vélo en Australie, soit 4000 km de Darwin à Adelaïde en 25 jours. Le grand départ est le 17 octobre prochain. Je vais pédaler aux couleurs de l'association Un Sourire, un espoir pour la vie et constater les effets du réchauffement climatique sur les réserves d'eau pour les comparer avec celles de la Corse. Ma préparation physique consiste à faire la GT20 (Grande Traversée de la Corse à vélo) en aller-retour, soit 1200km, 22000m de dénivelé positif en quatre jours (300km/jour).

Le 30 avril dernier, tu as annoncé la sortie de ton livre "Extrême Résilience". Qu'avais-tu surtout envie de raconter ?

C.S : J'ai coécrit ce livre avec Cécile Bertin, qui est écrivain et journaliste pour des revues sportives. J'avais envie de revenir sur mon parcours sportif pour me présenter auprès des lecteurs mais surtout à travers les différents traumatismes que j'ai eu pendant ma vie - une maladie respiratoire étant jeune, un accident de voiture en 1993 qui aurait pu me coûter la vie et la double fracture aux cervicales en 2020 - j'aimerai montrer un exemple de résilience. En effet, grâce au sport j'ai réussi à revenir plus fort. Aujourd'hui, je souhaite transmettre un message d'espoir afin d'aider les personnes, qui ont traversé des moments difficiles, à rebondir.

A travers tes défis, tes records, tes engagements, quel est le premier message que tu veux faire passer ?

C.S : Le message que je souhaiterai faire passer est le suivant : tout est possible dans la vie. Malgré les difficultés que chacun peut rencontrer dans son quotidien, il faut s'accrocher et se battre pour les causes que l'on soutient, pour accomplir nos rêves. Cela nécessite beaucoup de travail, mais le jeu en vaut la chandelle. J'ai une citation qui résume ma philosophie de la vie et du sport, c'est "Ne rêve pas ta vie, vis tes rêves".

Quels sont tes futurs projets pour la fin de saison 2022 ? Est-ce-que tu vises d'autres records personnels ?

C.S : Pour la saison 2022, l'objectif est de terminer la première partie du 7K puis pourquoi pas essayer de préparer un record pour la traversée de l'Antarctique. Et bien sûr, continuer de représenter au mieux l'association Un Sourire, un espoir pour la vie, comme un deuxième IRONMAN avec mon binôme Kevin Roustand très prochainement je l'espère.

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(Christophe Santini lors de sa traversée au Kungsleden en mars dernier)

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